Bref panorama des libellules (Odonata) de la vallée de la Durance et de ses proches habitats

Bref panorama des Libellules (Odonata) de la vallée de la Durance et de ses proches habitats

Nous traitons ici l’ensemble des espèces de Libellules (Odonata) connus sur la vallée même de la Durance. La plupart d’entre-elles occupent des habitats annexes de la vallée principale. Elles sont en général indiquées sous 1000 m d’altitude, la Durance se rétrécissant plus en amont n’a alors guère été étudiée pour l’instant. La pénétration de la vallée, y compris par des Libellules communes par ailleurs, est limitée. On trouve dans le secteur de Guillestre un pôle d’habitats originaux et remarquables notamment occupés par le Sympétrum noir (Sympetrum danae). Par ailleurs les zones de confluence comme celle de l’Asse ou du torrent de Channe sont des lieux exceptionnels, connus pour abriter des populations d’Agrion turquoise (Coenagrion caerulescens). Le Gomphe à forceps (Onychogomphus forcipatus) et le Gomple semblable (Gomphus simillimus) sont les seules espèces avec le Caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens) présents sur la rivière proprement dite. Une étude du bassin avec en l’occurrence les rivières du Buëch ou la tourbière de la Cerveyrette à haute altitude révèlerait des espèces supplémentaires dont certaines sont très remarquables. Ce n’est pas l’objet de cette présentation. Sur la Durance et ses habitats proches il convient de remarquer l’Agrion turquoise qui trouve ici une dimension patrimoniale très remarquable.

Le nombre d’espèces connues est de quarante-et-un.

Aeschne affine (Aeshna affinis) - Repérée sur la Durance dès le XIXe siècle, elle est rarement contactée. Elle vit à basse altitude.

Aeschne bleue (Aeshna cyanea) - Espèce assez fréquente à moyenne et basse altitude.

Aeschne mixte (Aeshna mixta) - Il s’agit d’une espèce aux tendances méridionales rarement contactée dans la vallée. Elle pourrait ne pas se reproduire et simplement être de visite.

contactée dans la vallée. Elle pourrait ne pas se reproduire et simplement être de visite.

Agrion blanchâtre (Platycnemis latipes) - Réputée douteuse sur le secteur, nous devons toutefois attester de trois mentions concernant y compris de petites populations. Il s’agit du seul Platycnemis qui ait été observé sur la vallée.

Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) - Cette espèce protégée est présente çà et là dans la vallée jusqu’à près de 1000 m d’altitude.

Agrion de Vander Linden (Erythromma lindenii) - Quelques observations, en faible nombre, ont été faites sur la vallée.

Agrion délicat (Ceriagrion tenellum) - Elle ne semble pas avoir été contactée sur la Durance depuis le XIXe siècle. Elle était connue vers Aix en Provence.

Agrion élégant (Ischnura elegans) -  Espèce commune en nombre modéré pouvant atteindre les 1000 m d’altitude dans la vallée.

Agrion jouvencelle (Coenagrion puella) - Quelques belles populations de cette espèce commune sont rencontrées jusqu’à près de 1000 m d’altitude dans la vallée.

Agrion mignon (Coenagrion scitulum) - Espèce peu fréquente en France, très rarement observée sur la vallée de la Durance.

Agrion nain (Ischnura pumilio) - Quelques petites populations sont connues vers Guillestre à près de 900 m d’altitude.

Agrion porte-coupe (Enallagma cyathigerum) - Espèce commune sur la vallée, mais en nombre modéré. Elle atteint et dépasse l’altitude de 1000 m.

Agrion turquoise (Coenagrion caerulescens) [Photo ci-dessus] - Cette petite Libellule très menacée en France, trouve sur la Durance parmi ses plus belles populations du pays. Elles sont instables et changent régulièrement de localités. Absentes quelques années, elles peuvent être recolonisée. La dynamique de la rivière et en particulier celle de ses affluents au niveau des confluence est favorable au développement de cette Libellule remarquable. Elle atteint des altitudes proches de 1000 m.

Anax empereur (Anax imperator) - Espèce relativement commune, mais présente en faible nombre. Elle vit plutôt à basse altitude.

Anax napolitain (Anax parthenope) - Espèce méridionale remontant rarement dans la vallée. Connue à faible altitude.

Caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens) - Tout à fait commune sur la Durance, cette Libellule remonte jusque près de 1000 m d’altitude dans la vallée.

Caloptéryx méditerranéen (Calopteryx haemorrhoidalis) - Espèce méridionale qui n’est présente en faible nombre que sur la Durance vauclusienne à basse altitude.

Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) - Elle est localisée sur la moyenne vallée de la Durance.

Crocothémis écarlate (Crocothemis erythraea) - Espèce méridionale remontant la vallée en quelques points. Elle est assez rare et peu nombreuse.

Gomphe à forceps (Onychogomphus forcipatus) - Se trouve en quelques points de la vallée, c’est une espèce qui occupe les bancs de galets sur le cours de la rivière.

Gomphe semblable (Gomphus simillimus) - Cette une Libellule discrète et difficile à détecter. Elle se reproduit néanmoins sur la moyenne vallée de la Durance.

Leste barbare (Lestes barbarus) - On connaissait l’espèce au XIXe siècle vers Aix en Provence. A rechercher sur la vallée à basse altitude.

Leste brun (Sympecma fusca) - Une seule mention dans les Hautes-Alpes en 2003. C’est une espèce printanière, à rechercher.

Leste fiancé (Lestes sponsa) - De petites populations sont connues aux alentours de 1000 m d’altitude.

Leste verdoyant (Lestes virens) - La sous-espèce méridionale (L.v.virens) a été observée aux alentours de 1000 m d’altitude, ce qui est assez remarquable pour cette Libelllule.

Leste vert (Chalcolestes viridis) - Elle est présente çà et là sur la vallée, plutôt à basse altitude.

Libellule déprimée (Platetrum depressa) - Il s’agit d’une espèce généralement commune en France, mais qui a été peu signalée sur la vallée.

Libellule quadrimaculée (Libellula quadrimaculata) - Une petite population est connue à Eyglier vers 900 m d’altitude.

Petite Nymphe à corps de feu (Pyrrhosoma nymphula) - Assez régulière, quelques fortes populations sont connues vers 900 m d’altitude.

Naïade aux yeux rouges (Erythromma najas) - Une observation exceptionnelle de cette espèce septentrionale a été faite le 10 juillet 1999 (O.Tourillon) à Monetier Allemont. Ordinairement on ne la trouve qu’au niveau du département de l’Isère et plus au nord. En erratisme.

Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens) - Assez régulière sur la vallée en général à basse et moyenne altitude.

Orthétrum des sources (Orthetrum brunneum) - Quelques petites populations sont connues jusqu’aux environs de 1000 m d’altitude.

Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum) - Espèce assez régulièrement signalée, peut-être en expansion, en général à basse altitude.

Sympétrum de Fonscolombe (Sympetrum fonscolombii) [Photo] - Boyer de Fonscolombe à qui est dédiée cette Libellule est le premier explorateur de la rivière vers Aix en Provence dans les années 1830. Il peut, comme espèce migratrice, s’observer çà et là, y compris en altitude.

Sympétrum fascié (Sympetrum striolatum) - Peu signalée, alors qu’il s’agit d’une espèce commune en France. Elle est à rechercher sur la vallée, notamment en automne.

Sympétrum jaune d’or (Sympetrum flaveolum) - Cette espèce a été observée en faible nombre vers 1000 m d’altitude.

Sympétrum méridional (Sympetrum meridionale) - Une seule mention le 10 juillet 1999 à Monetier Allemont (O.Tourillon).

Sympétrum noir (Sympetrum danae) - D’importantes populations originales sont connues vers 900 m d’altitude. Elles y occupent, fait remarquable, un habitat naturel primaire, c’est à dire un habitat existant naturellement sans intervention humaine majeure. Jean-Michel Faton a rédigé un article sur le sujet dans la revue Sympetrum n°17.

Sympétrum piémontais (Sympetrum pedemontanum) [Photo ci-dessous] - Des populations éparses sont connues sur la vallée jusque vers 1000 m d’altitude. Cette Libellule occupe vers Guillestre les mêmes habitats que ceux du Sympétrum noir, une cohabitation remarquable et unique en France.

Sympétrum rouge sang (Sympetrum sanguineum) - Peu signalée, cette espèce commune en France paraît rare sur la vallée.

Sympétrum commun (Sympetrum vulgatum) - Une seule mention, le 2 août 1985 à Valserres (D.Morin).

A peine plus en aval, en Crau, ancien delta durancien, on trouve de très nombreuses espèces qui ne sortent pas de cet espace. De manière notable aussi, plusieurs espèces méridionales ne remontent pas ou guère la vallée tout comme quelques espèces communes. En ce qui concerne l’inventaire donné ici et il porte, outre sur les années 1830, essentiellement sur des mentions accumulées depuis les années 1990. Les lacunes paraissent très limitées. On constatera l’absence dans la liste de Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii) et Libellule fauve (Eurothemis fulva).

En conséquence des prospections supplémentaires et ciblées restent à faire.

 

Cyrille Deliry

Coordonnateur départemental des Hautes-Alpes pour le groupe Sympetrum

 

 

 

 

 

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