Mégabassines et plus généralement, les aménagements, perturbent le cycle de l'eau

 

 

SOS Durance Vivante participe à la diffusion d’information, notamment scientifique, auprès de la population.

Dans cet article, vous pourrez lire que les mégabassines ne peuvent pas résoudre la crise de l’eau :

« Les mégabassines ne résoudront pas la crise de l’eau » Vincent Bretagnolle écologue, directeur de recherche CNRS au Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS/La Rochelle Université).

Pour l’écologue Vincent Bretagnolle, il est urgent de ralentir le cycle de l’eau. En clair, de la retenir dans les sols en restaurant les écosystèmes, au lieu de précipiter son évacuation vers l’océan.

Extrait :

"En effet, plusieurs décennies de politiques publiques en France ont eu pour résultat de précipiter l’évacuation de l’eau de pluie vers la mer, sans lui laisser le temps d’imprégner les sols, puis les nappes phréatiques. Tout d’abord, on a rectifié les cours d’eau : pour empêcher les inondations, ils ont été canalisés, tandis que leurs méandres étaient endigués et éliminés. Ainsi le débit des rivières a augmenté (on roule plus vite en ligne droite que lorsqu’il y a des virages, c’est vrai aussi pour l’écoulement de l’eau des rivières), empêchant l’eau de stagner, un effet amplifié par le drainage des parcelles agricoles.

Ensuite, on a éliminé les prairies inondables des bords de rives. Ces zones humides, qui ont été drainées, permettaient par les crues hivernales de capter pendant des semaines de l’eau de pluie qui, plutôt que de s’écouler en quelques jours vers l’océan, remplissait lentement les réserves d’eau souterraines. Puisqu’il n’y avait plus de crues, on a transformé ces prairies en champs de maïs.

Une partie des dirigeants politiques et des agriculteurs considèrent que la gestion de l’eau est une affaire qui se conclut entre les humains et un capital inerte, l’eau. Magnanimes, la loi sur l’eau de 2006 et sa directive-cadre imposent de laisser quelques gouttes malgré tout aux écosystèmes, aux poissons et aux grenouilles. Quelle erreur de jugement ! Ce sont les écosystèmes par leur fonctionnement et la biodiversité qu’ils hébergent qui sont garants de la ressource en eau, en ralentissant le cycle de l’eau et en conservant, par de multiples adaptations et stratagèmes, celle-ci dans les écosystèmes car elle est une ressource essentielle à la vie elle-même. Ainsi, l’eau n’est pas une ressource dont les sociétés humaines disposent et dont une part minime revient aux écosystèmes pour qu’ils subsistent ; l’eau est au contraire un produit des écosystèmes, dont nos sociétés font usage."

 

SOS Durance Vivante, essaye d’alerter les autorités, mais aussi la population, que nos aménagements perturbent le cycle de l’eau : quand sera pris en compte dans les projets le cycle de l’eau ?

Durance est très aménagée, l’urgence, si l’on veut retrouver un cycle de l’eau moins perturbé et par conséquent recharger nos nappes (entre autre), il faut commencer par s’interroger sur les aménagements que nous pourrions effacer. Il ne s’agit pas ici de remettre en questions tous les aménagements sans distinction mais bien de nous interroger collectivement sur l’intérêt qu’il y a de toujours plus aménager le lit de Durance sans interroger en priorité l’existant.

Il doit s’opérer un changement de paradigme, l’eau dont nous faisons usages est un produit des écosystèmes, ce n’est pas en les détruisant par nos aménagements que nous pourrons avoir de l’eau mais bien en les restaurant. C’est pour cela que nous souhaitons vivement que Durance soit renaturer.

 

Un seul exemple, nous avons appris récemment qu’une ripisylve (forêt en bord de rivière) doit au minimum faire 30 mètres de large pour commencer à pouvoir fonctionner (biodiversité, zone humide, systéme racinaire, filtration etc.). Avons-nous un recensement des ripisylves en bord de Durance, combien font-elle de large ? Peut-on commencer par faire en sorte qu’elle face au minimum 30 mètres de large ?

Enfin , en plus d’un changement de paradigme, nous devons changer notre relation avec les écosystèmes. La nature, la rivière, le bassin Durance n’est pas une simple addition de service pour les humains, elle est une entité à part entière, avec qui nous devons échanger, discuter, comme nous le faisons entre humains, mais avec la rivière cela implique un nouveau langage, qu’il reste à inventer collectivement. La langage économique, le langage par les usages n’est pas adapté à cette nouvelle relation. C’est pour cela que SOS Durance Vivante, sans exclure les acteurs économiques, les usagers en général proposent d’élargir la discussion,notamment en donnant une personnalité juridique à Durance et en définissant des gardiens.


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