texte fondateur

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Les statuts de l'association ainsi que le recipissé de sa création (format PDF).

 

 

 

SOS Durance Vivante – Texte fondateur

La Durance,
une rivière vivante
« …considérer le non aménagement comme un principe vital
par lequel tout aménagement se voit traversé des éclairs de la vie »
Gilles Clément


La Durance renaturée


Du régime naturel de la Durance il reste bien peu ; comme tout cours d’eau la Durance a une longue histoire avec les
humains, mais cette histoire est arrivée à un point crucial. Ce sont surtout les questions économiques et sécuritaires
qui ont été prises en compte en matière d’aménagement de cette rivière changeante. Cette perception a conduit au
XXème siècle à son exploitation sans limites jusqu’à priver son lit de l’eau et de matériaux indispensables à sa vie.
Cours d’eau fortement anthropisé, la renaturation de la Durance parait aujourd’hui impossible, utopique, pourtant les
effets de quelques travaux compensatoires (insuffisants face aux lourds aménagements) sont perceptibles. Il ne s’agit
pas de redonner à la Durance son visage des siècles passés, il s’agit d’engager la restauration écologique sur l’ensemble
de la rivière, avec un nouveau regard porté sur elle, dans le partage et par des méthodes de l’éducation populaire,
avec des équipes pluridisciplinaires prenant en compte les rives et les riverains, la dynamique propre de la rivière et
en conséquence de ses affluents et de son bassin versant.
Le regard porté sur les cours d’eau a déjà évolué. Cela se traduit notamment par l’adoption de nouveaux dispositifs et
législations (par exemple assurer la continuité écologique) qui permettent de redonner une place aux cours d’eau dans
la société et rendre leur espace aux rivières. Renaturer une rivière c’est faire aussi revivre sa vallée….


La Durance, une rivière vivante


La Durance prend sa source à Montgenèvre, dans les Hautes Alpes, à 2390 m d’altitude. Longue de 323 km elle accueille
les eaux de 27 affluents principaux. Le débit naturel de la Durance a toujours été marqué par des crues et des étiages
sévères, c’était une rivière torrentielle, dynamique, difficilement franchissable et navigable.
Les hommes ont bâti au fil des siècles ponts, digues, épis, canaux, reconstruit après les crues, cultivé et irrigué, utilisé
ses eaux et sa force pour des productions et le transport de marchandises.
Les villes et villages qui la bordent ont ainsi été construits pour être protégés des crues, sauf Avignon qui, au confluent
du Rhône et de la Durance, est soumise aux inondations.
Couloir de migration, limite administrative entre des territoires pour les hommes, la Durance présente aussi une
imbrication de milieux naturels plus ou moins humides et liés à son cours.
Entre haute, moyenne et basse Durance la diversité d'habitats naturels est grande, marqués par les influences
méditerranéenne et montagnarde. La plupart de ces habitats, ripisylves, roselières, bancs de galets et berges meubles
est remaniée à chaque crue. Le lit est en tresse avec de nombreux chenaux instables.
La Durance assure un rôle important pour la faune et la flore : corridor, diversification, refuge.
La Durance constitue la seule grande rivière provençale à régime méditerranéen. Fréquentée par de nombreuses
espèces d'oiseaux, la vallée de la Durance est l'un des sites de France où la diversité avi-faunistique est la plus grande.
C’est un site d'importance majeure au sein du réseau NATURA 2000.
Aujourd’hui la population s’est éloignée de la rivière, emprisonnée par des aménagements qui en font un couloir
technique appréhendé comme dangereux.


La Durance sacrifiée


L’aménagement de la Durance est ébauché depuis le XVIe siècle, pour irriguer les cultures et se protéger des crues.
Des Associations Syndicales Autorisées se constituent au XIXe siècle en se donnant pour but de réduire drastiquement
le lit moyen par des digues, afin de mettre la zone alluviale en culture, souvent avec des résultats fragiles. De fortes
tensions existent à propos des prélèvements autorisés trop importants en période d’étiage. La crue exceptionnelle de
1856 provoque la création du premier service de surveillance d’une rivière en France (le Service spécial de la Durance),
qui effectue des études d’hydrologie de la rivière. Il propose la création de barrages sur le cours de la Durance et de
ses affluents.
L’aménagement hydroélectrique Durance-Verdon est décidé en 1955 par une loi qui confie trois missions à EDF :
produire de l’électricité, assurer l'irrigation des cultures et l'alimentation en eau potable des villes et enfin réguler les
crues de la Durance et du Verdon.
Cet aménagement dont la réalisation complète prit plus de trente ans fut achevé en 1992, avec pendant cette période
la construction de 23 barrages et prises d’eau alimentant 33 centrales hydroélectriques, dont la privatisation est
envisagée. A part un très faible débit réservé -9mᶟ/s-, la masse des eaux circule dans le canal EDF. Le débit naturel
moyen est d’environ 140mᶟ/s à Mirabeau.
D’autre part le lit de la Durance fournit depuis les années 1950 des granulats très durs prélevés dans son lit, les
gravières sont maintenant fermées, certaines déplacées hors du lit mais à proximité.
Ces aménagements et exploitations ont des conséquences lourdes sur la rivière, certaines sont impossibles à prévoir
et la question des grandes crues automnales demeure. L’entrave de transport solide entraine une érosion, un
enfoncement du lit et la disparition des tresses.
Enfin le centre de recherche du CEA a été commencé en 1960, et le projet ITER en 2006. Ces deux implantations ne
sont pas sans conséquences pour la Durance et sa vallée.
Les activités agricoles, industrielles et touristiques, les effluents de l’habitat contribuent à la pollution de l’eau.
En résumé la Durance est l’une des rivières les plus aménagées de France : 4km d’aménagements pour 1km de cours
naturel. L’eau de la Durance est menacée, en quantité et en qualité, le changement climatique accroit la menace.


La Durance, une alliée


S’allier à la rivière c’est ne plus la regarder comme une ennemie, ni même comme une ressource ou une richesse.
S’allier à la rivière c’est être attentif à ses comportements dans sa gangue d’aménagements, c’est avancer en lui
laissant une place afin qu’elle soit avant tout une rivière libre. Il ne peut y avoir de rivière vivante sans cette liberté.
SOS Durance Vivante s’est créé pour participer à redonner un avenir à cette rivière, à la comprendre et la faire
comprendre, à participer au rassemblement de compétences pour des actions et une gestion inventives et collectives .
Nous avons le devoir de laisser au vivant la plus large marge d’adaptation dans le respect d’une grande diversité.
La renaturation de la Durance permettra à la fois de laisser libre cours à l’eau tout en luttant contre les crues et les
inondations, d’auto épurer ces eaux et de favoriser le retour de la biodiversité.
La renaturation améliorera la vie des habitants de la Provence.
En menant des actions qui s’éloignent des injonctions imposées par de prétendues réalités SOS Durance Vivante veut
favoriser l’émergence d’une approche écologique et inventive de la Durance. S’il y a urgence face à la situation, il est
cependant important de considérer le temps long nécessaire à la connaissance partagée, à la démocratie et la vision
du long terme.
SOS Durance Vivante s’engage pour que soit reconnue une identité à la rivière. L’association envisage la création d’ un
Parlement pour la Durance.


….il faut descendre d’un observatoire artificiellement dressé au-dessus de « la Nature »
considéré comme territoire d’expérience , de maitrise et de marché. Il faut s’immerger…
Gilles Clément