Histoire d’un logo
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Le logo de SOS Durance Vivante est né d’une volonté de mettre en avant la rivière en tresse qu’est la Durance à certains endroits, avec ses galets, de symboliser le canal usinier EDF qui la borde sur toute une partie de son cours, et d’y intégrer des éléments de la faune sauvage menacée.
Nous ne voulions pas d’un de ces logos glacés qui indiquent avec sérieux que l’organisme qu’ils représentent préfèrent l’artificiel au vivant, nous souhaitions un logo vivant et facétieux.
A partir d’un croquis, nous avons confié la tâche à Joran Tabeaud, graphiste à Marseille. Nous le remercions d’avoir eu la patience de tenir compte des discussions et envies de tous les membres du conseil d’administration, lors de nombreux allers retours.
Joran nous a aussi aidés pour notre flyer 2020.
Pourquoi l’anguille et le martin pêcheur ? Poisson migrateur, oiseau sédentaire, ce deux-là, comme tant d’autres, sont victimes de l’artificialisation des berges, des obstacles, de la pollution.
L’anguille, « l’or des rivières », victime de surpêche, de braconnage, est depuis longtemps l’objet des convoitises. Autrefois très abondante, l’anguille européenne a subi un brusque effondrement de sa population dans les années 80 et son déclin se poursuit si bien qu’elle est aujourd’hui classée « en danger critique d’extinction ». Présente historiquement en Durance, un nouvel intérêt pour elle semble se dessiner, avec l’établissement de passes à anguilles dans les nouveaux aménagements, conformément à la stratégie nationale pour la gestion des poissons migrateurs (STRANAPOMI) mise en place en 2010. Mais malgré les programmes de sauvegarde menés depuis 2007, il n’y a eu aucune amélioration….
La présence d’ouvrages provoque des retards, des mortalités, des blessures aux anguilles lors de leur passage dans les prises d’eau, particulièrement dans les turbines de centrales hydroélectriques. La dégradation de la qualité de l’eau est identifiée comme l’un des principaux facteurs responsables du déclin de l’anguille européenne. La dégradation de la qualité des milieux perturbe les populations d’anguilles en modifiant les populations d’invertébrés et poissons qu’elles consomment, en détruisant les zones de refuge.
Le martin-pêcheur est « un petit bijou d'oiseau », timide et prudent dans son approche des humains, qui apprécie les lieux tranquilles avec de la végétation : roseaux, ripisylve.
Les menaces principales pour lui sont les différents types de déviation de l'eau (drainages et canalisations) ainsi que la pollution de l'eau que provoquent l'homme. Cet oiseau est classé comme vulnérable par l’UICN -Union internationale pour la conservation de la nature. Il est protégé sur le territoire français depuis 1981.
Sacré pêcheur, l’adulte peut extirper soixante-dix à quatre-vingt poissons par jour. On le reconnaît à sa façon de planer au-dessus de l’eau pour guetter les poissons et de plonger à pic sous l’eau, jusqu’à 1 mètre de profondeur, pour attraper sa proie, un poisson, un insecte ou un amphibien, avec son bec puissant. Il se sert de ses ailes pour se propulser en dehors de l’eau et rejoindre le perchoir d’où il guette ses victimes. C'est donc un oiseau très actif qui, en Durance, apprécie les atouts biogéographiques du Luberon. Cet oiseau est un bon indicateur naturel de la qualité d'un milieu aquatique. Son cri strident, aigu, s’entend de loin. Malheureusement on l’entend de moins en moins….
Notre martin-pêcheur s’est donc posé sur le bord de notre logo et nous espérons qu’il nous aidera à agir !
Joran nous a transmis son point de vue sur le travail qu’il a réalisé avec nous :
"J'ai toujours eu à cœur de travailler avec des structures à échelle humaine œuvrant dans les champs du culturel, de la solidarité ou de la défense du vivant. J'ai donc été ravi lorsque Durance Vivante a pris contact pour la réalisation de leur logo."
« Qu'est qu'un logo ? Pour être plus précis, le logo (ou logotype) désigne la partie écrite, la partie graphique étant appelée insigne (ou pictogramme). Aujourd'hui, nous ne faisons plus tellement la différence.
Un logo est donc un élément visuel qui permet de reconnaître une marque, une structure, une association... En allant un peu plus loin, on peut également voir un logo comme un sceau, une amulette...
Il y a, depuis quelques années, une tendance à une simplification et à une stylisation des logos et insignes. Serait-ce un signe de l'avancée de l'artificiel sur le naturel ? Sûrement ! Je pense aussi qu'il y a d'autres facteurs comme l’uniformisation de la culture visuelle et une question de coût.
Réaliser un bon logo demande du temps. Il faut tout d'abord étudier la structure, ses valeurs, ses actions et analyser l'univers graphique du champ dans lequel elle évolue. Ensuite viens le travail de définition des symboliques, des émotions à véhiculer, du type de logo (logotype seul, logo + insigne - abstrait, informationnel ou poétique...). Enfin, il s'agit de traduire tout cela en éléments typographiques et graphiques. À ceci s'ajoute la contrainte qu'un logo doit fonctionner et rester lisible en petit comme en grand, en couleur comme en noir et blanc. Un logo réussi est le résultat d'une équation assez complexe.
Lorsque j'ai été contacté, les membres de l'association avaient déjà une idée bien précise de ce qu'ils voulaient : un logotype imbriqué dans une insigne avec un positionnement 'informationnel'. Les éléments figuratifs étant la rivière et ses tresses, le canal et la faune. Un premier croquis m'a été fourni.
Habitant mon époque, j'ai un peu pris peur devant l'ensemble des éléments à faire figurer. Le risque dans ce cas de figure est de finir avec une sorte de pudding assez indigeste. Mais les choix de l'équipe étaient pertinents et tout en refrénant leurs ardeurs de complexification, je me suis attelé à la tâche. Tous les membres de l'association ont été partie prenante du travail sur le logo. Ce fonctionnement démocratique prend forcément un peu plus de temps qu'un processus de prise de décision verticale. Mais à plusieurs on va plus loin et cela permet à chacun de faire évoluer ses connaissances et son regard.
À force de travail, d'allers-retours et de polissage, nous sommes donc arrivés à ce beau logo, dense mais clair ; qui j'espère vous plaira et accompagnera l'association dans ses missions. »
Joran Tabeaud