SOS Durance était aux journées de l'agence de l'eau sur le thème:

Et si nos rivières étaient la solution ?

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Comme vous le savez SOS Durance Vivante participe sous différentes formes au débat public, nous avons, dans ce sens, assisté à deux journées (une à Nîmes, l'autre à Auriol) organisées par l'agence de l'eau  du bassin Rhône-Méditerranée en octobre 2022 sur le thème: et si nos rivières étaient la solution ?

Voici le compte rendu de ces journées:

Adaptation au changement climatique: et si nos rivières étaient la solution ?

L’introduction de ces rencontres a souligné la volonté

 - d’atteindre une bonne qualité de l’eau en renaturant les rivières,

 - de corriger les effets du changement climatique  et ses conséquences ; augmentation avérée des assecs, hausse de la température des eaux, diminution de la ressource etc.

- de renforcer les écosystèmes pour améliorer le fonctionnement des rivières et protéger les humains. On doit « aider la nature à nous aider ».

Comme le montre le programme en copie, plusieurs intervenants ont présenté des exemples de restauration de portions de rivières (entre 1 km et 15 km). Ces restaurations sont plutôt appelées revitalisations car il ne s’agit pas de prétendre revenir à un état initial. Les intervenants soulignent souvent les gains obtenus au point de vue de la hausse des nappes phréatiques, de la température de l’eau dès que les ripisylves prennent de l’importance, de l’amélioration sensible de la flore et de la faune. Ils disent l’intérêt de laisser à la rivière une bande active permettant de dissiper son énergie en cas de crue et de piéger les embacles dans la végétation en place. Arguments particulièrement repris par les gestionnaires des secteurs soumis aux crues de plus en plus  violentes en Occitanie  (régime cévenol aggravé).

Ils remarquent souvent que les replantations ne sont pas utiles car la végétation naturelle reprend rapidement sa dynamique. Au fond ils savent bien voir que la meilleure des solutions c’est de laisser le maximum de liberté à l’écosystème rivière, la difficulté résidant principalement à trouver les bons moyens pour y parvenir et corriger les conséquences les plus néfastes quand on n’y arrive pas !

Tout cela est bien, et nécessaire, et on ne peut que se réjouir des efforts menés dans le temps dans ces domaines. Les participants soulignent moins les difficultés techniques que les obstacles dûs à la maîtrise du foncier et aux financements mais les efforts accomplis et la prise de conscience partagée des risques nouveaux semblent ouvrir des perspectives favorables.

Cependant, on ne peut que constater (une fois de plus dans le cadre de ce type de rencontre avec les gestionnaires) qu’aucune place n’est faite à l’analyse des causes des problèmes rencontrés. On se contente de travailler à en corriger les effets. La question que nous avons posé dans ce sens est apparue comme d’habitude incongrue. C’est de mauvaise grâce qu’un des intervenants a bien voulu signaler que l’Agence de l’eau avait, bien sûr, un volet de son action en faveur d’une agriculture plus vertueuse (le gros mot d’ « écologie » n’a pas été prononcé) pour lutter contre les pollutions. Bref ce n’était pas à l’ordre du jour.

Nous constatons donc que nous avons affaire à des ingénieurs et techniciens considérant, dans leur pratique professionnelle, un objet rivière étroitement défini, une machine qu’il faut tenter d’améliorer, de maintenir, de revitaliser au mieux. Le "Pourquoi donc la machine ne fonctionne pas correctement" ne doit pas les intéresser dans leur stratégie. Ce qu’ils appellent le « milieu » s’arrête aux bords de la rivière. Ou alors consentent-ils à considérer comme relevant de leur compétence les « zones humides » comme étant directement liées au bon fonctionnement des rivières.

Ils sont dans une disposition d’esprit semblable à celles de nos médecins ; ces derniers soignent des cancers, des diabètes, des maladies de l’immunité, des pertes de fécondité etc. Ils n’ont pas vocation à aller voir les pollueurs qui répandent leurs poisons dans l’environnement, ils n’ont pas vocation à s’attaquer aux causes de maladies. Marie Monique Robin, dans son enquête « La fabrique des pandémies », montre parfaitement comment les pandémies modernes (et bien sûr la Covid 19) sont en relation directe avec la perte des espaces sauvages et l’élevage industriel. Mais nos médecins ne descendent pas dans la rue pour dénoncer ces réalités funestes et ils ne font pas d’ordonnance pour prescrire l’arrêt des déforestations et la fin des élevages industriels. Ce n’est pas leur métier, paraît-il.

Les gestionnaires de l’eau vivent la même schizophrénie. Ils savent parfaitement que la maladie des rivières tient au monde dans lequel nous vivons, mais ils se contentent d’essayer de soigner les rivières malades et feignent de croire que celles-ci pourraient nous soigner des nuisances qui pèsent sur notre propre santé ! D’où le titre des rencontres ; « Et si les rivières étaient la solution ? ». Permettez-moi de penser que cette formule n’est pas tout à fait honnête !

Une petite plaquette de 4 pages était distribuée à l’occasion des journées d’échange. Elle avait pour titre ; « Sauvons l’eau » avec ce sous-titre « Dame rivière revient en Wonder Woman » accompagnée d’une image de la super-héros. Sauvons l’eau, et les rivières nous sauveront !  Tous les bienfaits d’un écosystème rivière en bon état sont repris. Il convient bien, est-il dit, de corriger les aménagements humains qui entravent le bon fonctionnement de la rivière sur son cours et alors nous bénéficierons de tous les bienfaits de cet écosystème. Il est écrit ; « les politiques de l’après guerre, conduites dans un objectif de développement économique, ont artificialisé la majeure partie des cours d’eau français, modifiant leurs processus hydro morphologiques ou leur fonctionnement hydraulique.» Voilà pour les causes attribuées à l’homme. Si le changement climatique est sans cesse nommé, il n’est jamais présenté comme un effet de l’activité humaine. Quant à la surexploitation des ressources, rien n’est évoqué. Quant à la qualité des eaux, rien n’est dit des principaux pollueurs et rien n’est dit sur l’importance de l’état des sols et la nature des cultures dans les bassins versants. Ces causes sont laissées dans l’ombre. Le grand cycle de l’eau, qui est aussi le grand cycle du vivant sur le bassin-versant n’est pas pris en compte dans cette présentation. Il convient de ne froisser personne. Le but est bien celui d’une publicité soft pour une revitalisation limitée censée convaincre notamment des élus en pointant les avantages économiques et l’utilité sociale des nouveaux aménagements autant que les gains obtenus pour la biodiversité. Une stratégie à l’évidence mûrement réfléchie. Elle montre une certaine efficacité. Mais on ne saurait s’arrêter à cette vision limitée. Il convient d’élargir les vues et de remonter aux causes en luttant directement contre les pratiques responsables de la dégradation dramatique de la biodiversité et contre les politiques qui les soutiennent.

 

Voici quelques documents sur ces journées:

La restauration écologique par l'Office Français de la Biodiversité

Un exemple de restauration avec la Cagne

Un exemple de restauration avec le Colostre dans le Verdon

Un exemple de restauration avec l'Huveaune à Auriol


Les aides de l'agence de l'eau

Fiche technique pour restaurer les cours d'eau

Ce que dit l'agence de l'eau au sujet de la renaturation des rivières

 

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