DURANCE LIBRE
La Durance est la source de vie pour la Provence.
La Durance libre et vivante disait aux hommes de s'éloigner de ses rives, de cultiver dans son lit ou d'y pêcher aux moments propices, ils ont décidé de la dompter, de la contraindre et d'abuser d'elle.
LA RIVIERE
Les rivières forment les eaux courantes des eaux douces.
La rivière recueille l'eau qui ne peut pas s'infiltrer, qui circule à la surface du sol. Elle collecte et stocke l'eau d'un bassin versant.
Elle s'inscrit dans le cycle de l'eau.
Le rythme des précipitations et des températures déterminent le régime de la rivière.
Les pluies, les différences de température, donc de l'évaporation, les périodes de gel, donc les conditions de stockage sous forme de neige ou de glace, puis de déstockage par fonte, conditionnent la répartition annuelle de l'écoulement.
Les crues désignent des événements inhabituels , de courte durée, imprévisibles à long terme.
Les aménagements ont pour finalité de modifier les régimes ou les trajets des eaux afin de mieux les utiliser. Ces interventions entraînent des bouleversements dont les conséquences extrêmement complexes, sont impossibles à prévoir dans leur totalité.
La vitesse de l'eau peut varier de 10cm/s, dans une rivière très lente, a plus de 100cm/s, dans un torrent rapide. Rapide à la naissance du cours d'eau, elle diminue au fur et à mesure de l'élargissement du lit. Lorsque la vitesse est supérieure à 50cm/s, la plupart des animaux aquatiques sont entraînés et éliminés.
Le courant façonnent les berges, provoque la formation de méandres, diversifie le profil longitudinal. Cette variété topographique offre des abris et des lieux de ponte et favorise la diversité du peuplement. C'est pourquoi les cours d'eau rectifiés, transformés et bétonnés sont si peu compatibles avec le maintien de la vie aquatique.
La berge porte généralement une large bande boisée appelée ripisylve.
La température de l'eau varie beaucoup avec l'altitude, la saison et l'heure de la journée. La pollution thermique, causée par le rejet d'eaux chaudes , peut provoquer des modifications importantes dans le peuplement d'une rivière.
Les eaux courantes sont colonisées par trois groupes principaux de végétaux : les algues, les mousses et les plantes à fleurs. Toutes ces plantes sont sensibles à la pollution, qui les fait disparaître.
Dans un cours d'eau, il y a trois zones : les sources, la partie torrentielle, la partie inférieure.
La zone des sources est peuplée par des espèces ne tolérant pas les grands écarts de température, les poissons sont absents.
La zone torrentielle est peuplée par des espèces adaptées aux eaux froides et avec des besoins élevés en oxygène : larves d'insectes, crustacés, truite, chevaine, goujon,...
La zone inférieure est peuplée des espèces qui supportent des températures plus élevées et un déficit en oxygène : divers invertébrés, barbeau, perche, brochet, tanche, carpe gardon,...
La rivière joue un rôle majeur de corridor biologique, que la loi demande de ne pas artificiellement fragmenter sans mesure compensatoire efficace permettant aux espèces de circuler le plus normalement dans tout le cours d'eau. La continuité écologique doit être maintenue.
Le transport des sédiments par les cours d'eau est nommé « transport solide ».
Le transport prend deux formes : le charriage et la suspension. Le charriage est le transport des sédiments plutôt grossiers sur le fond du lit par roulement ou saltation. La suspension est le transport des sédiments dans la masse du flot.
L’entrave du transport solide par exemple par une retenue d’eau agissant comme décanteur entraîne un déficit de transport solide qui est alors compensé par une érosion accrue à l’aval et un enfoncement du lit. Cet enfoncement peut parfois entraîner un abaissement de la nappe phréatique ce qui peut avoir des conséquences sur la ripisylve, les racines n’ayant plus accès à l’eau souterraine. L’enfoncement du lit peut également entraîner des affouillements de pied de berges et leur glissement. L’abaissement du niveau de la rivière a de plus pour conséquence l’élévation des bancs de graviers qui sont de moins en moins sollicités. La végétation des bancs renforcent encore plus leur cohésion et tendent à réduire la largeur du lit du cours d’eau. Le résultat est l’augmentation de la fréquence des débordements.
L'embouchure. Les nutriments et les sédiments charriés par les cours d'eau se diluent ou se déposent sur les fonds
La majorité des deltas dans le monde sont en rétrécissement et les activités humaines comme l’augmentation du nombre de barrages dans les bassins hydrographiques y sont pour beaucoup.
De plus, les projections pour la hausse du niveau global des océans sont de 30 à 122 cm à entre 2014 et 2100, alors qu'une hausse de 44 cm suffirait pour faire augmenter de 50 % la superficie des zones deltaïques à risque d'inondation.
Dans certains systèmes, le rétrécissement des deltas a eu pour effet de changer la composition des espèces de plantes qui s’y retrouvaient. Dans certains cas, le changement de composition a mené à une déstabilisation des sols du système affectant ainsi la protection côtière.
Mesures de conservation du transport solide
Pour garantir le transport solide d’un cours d’eau, différentes mesures peuvent être entreprises:
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Renaturation d’un tronçon artificiellement linéarisé ou canalisé ;
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Ajout artificiel de transport solide par exemple en présence d’un barrage non aménageable6 ;
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Amélioration de la continuité du transport solide (zones de rétention, digues, seuils, barrages) ;
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Augmentation de l’espace de mobilité de la rivière : zone d’inondation, banc de graviers ;
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Construction d’épis pour augmenter le transport solide en cas de déficit ;
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Stabilisation artificielle du lit de la rivière pour stopper une érosion trop importante (seuils) ;
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Démolition des barrages et réservoirs qui bloquent le transport solide8,9 ;
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Crue artificielle en aval d'un barrage pour éroder et remobiliser les sédiments10.
LA DURANCE VIVANTE
Longueur 324km
Bassin 14225km2 ½ région paca
Débit moyen 180m3/s (Mirabeau)
Régime pluvio-nival
Source Montgenèvre
Altitude 2300m
Embouchure Rhône
Avignon
Altitude 24m
L'originalité du cours d'eau est sa pente élevée. Ce fait contribue au caractère torrentiel de la rivière, y compris dans le cours inférieur.
La Haute-Durance
Jusqu'au lac de Serre-Ponçon, la Durance draine une vallée plus ou moins large entourée des hautes montagnes. C'est une rivière alpine au régime nival, avec des hautes eaux en juin et un débit soutenu même en été.
La Moyenne-Durance
La moyenne Durance coule dans un paysage qui change radicalement, car les montagnes s’adoucissent et des plateaux de plus en plus vastes les remplacent. Ici, le régime de la Durance devient méditerranéen : crues provoquées par les pluies automnales, étiages sévères en été.
La Basse-Durance
La vallée se resserre sur quelques kilomètres avec le franchissement de la clue de Mirabeau. Elle s'élargit ensuite de nouveau en une plaine encore plus large jusqu'au confluent avec le Rhône.
Au confluent avec le Rhône, le débit naturel moyen de la Durance est d'environ 190 m3/s, avec une forte variabilité annuelle. Il peut varier de 40 m3/s à 6 000 m3/s , les crues de la seconde moitié du XIXème siècle ayant avoisiné 5 000 m3/s
Le maximum annuel se produit généralement en mai ou en juin, mais les crues les plus violentes surviennent en automne. L'étiage a lieu en hiver dans la haute vallée et en été dans la partie moyenne et inférieure du cours.
La rivière est réputée de tout temps pour son cours instable, impétueux et changeant. Ces crues, violentes et fréquentes, sont dues à une combinaison de facteurs :
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un bassin montagneux aux pentes fortes ;
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des roches sensibles à l’érosion, qui augmentent le volume des torrents
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un couvert végétal peu protecteur, voire absent
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et enfin, le régime de précipitations méditerranéen, caractérisé par des précipitations assez peu fréquentes et violentes
Il en résulte un ruissellement de 63 %, ce qui est très élevé
Les aménagements hydroélectriques ont sensiblement modifié le régime des crues ordinaires et moyennes.
En revanche, les études montrent qu'ils n'ont pas d'influence sur les crues majeures
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d'une part parce que les crues les plus violentes pour la basse vallée se forment sur la moyenne Durance (axe Buëch - Bléone - Verdon), comme le montrent les grandes crues du XIXe siècle, donc à l'aval des grands réservoirs (Serre-Ponçon notamment) ;
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d'autre part parce que ces grands réservoirs ne sont pas gérés pour écrêter les grandes crues, et que leur volume peut être insuffisant (exemple de la crue de novembre 1994 sur le Verdon, peu modifiée par la retenue de Sainte-Croix).
Des crues importantes ont été observées en 1957 et 1994 (2 800 m3/s à Mirabeau, en janvier 1994 et en novembre 1994)
Un cours d'eau en tresses
Un cours d'eau en tresses est un cours d'eau présentant de nombreuses chenaux instables, formant des divisions ou connexions entre ces bras. Ces différents bras dessinent un réseau complexe et changeant rapidement de place, prenant une forme qui fait penser à une tresse d'où le nom.
Lorsqu'un torrent naît dans un massif montagneux relativement jeune d'un point de vue géologique, l'érosion fluviale est en général importante et, associée aux fortes pentes, permet la mobilisation et le transport de matériaux de différentes tailles allant du rocher aux argiles. Lorsque le torrent débouche brusquement dans une région où la pente est plus faible comme un plateau ou une plaine de piémont, l'énergie fournie par le courant n'est plus suffisante pour transporter la plupart des matériaux charriés qui se déposent alors en grande quantité dans le lit du cours d'eau. Ce dernier est alors entravé par d'importantes masses de débris rocheux et caillouteux qui forment de nombreuses îles de galets et de graviers, des bancs de sable
La vallée présente l'intérêt de regrouper de nombreux habitats naturels régulièrement remaniés par les crues, et subissant à la fois les influences méditerranéennes et montagnardes.
Elle joue aussi un rôle important de corridor biologique
Dans les eaux courantes, on compte 150 à 200 espèces d'invertébrés
La profondeur de 32 cm en moyenne entraîne de fortes variations de température selon la saison (de 0 à 28 °C) et selon l’heure de la journée (7,5 °C d’amplitude l’été, 10 °C l’hiver), ce qui sélectionne les organismes aquatiques adaptés à ces changements.
L’aménagement de la vallée ainsi que l'espacement et la diminution de l'importance des crues ont permis la colonisation de l’espace alluvial par une ripisylve d’aulnes et de peupliers. Le lit, bien que moins humide, accueille encore 110 espèces d’oiseaux à l’année, plus 82 espèces d’oiseaux migrateurs
On trouve aussi dans la Durance ou à ses abords environ 75 espèces de mammifères
Avant les aménagements de la rivière on y trouvait plusieurs espèces migratrices comme l'anguille, l'alose et la lamproie marine, espèces maintenant bloquées en partie basse de la Durance par les seuils et barrages.
L'envasement et le manque d'oxygène compromettent la reproduction des truites
LA DURANCE AMENAGEE
Les principaux ponts : Savines, Sisteron, Saint Auban, Les Mées, La Brillanne, Villeneuve, Manosque, Beaumont-de-Pertuis, Mirabeau, Pertuis, Mallemort, les trois viaduc de la LGV à Cavaillon, Bonpas, Rognonas, …
L'autoroute A51 dans le lit de la Durance accompagnée de la ligne de chemin de fer
Les lignes haute-tension
Les digues, épis et seuils en basse Durance
Les canaux Saint Julien, Craponne, Alpilles, Marseille, Carpentras, Manosque, Ventavon, EDF, vers Aix, vers Toulon, des centaines d'autres plus petits,...
Les aménagements de la Société du Canal de Provence
Les extractions de matériaux : gravier et sable
L'aménagement hydroélectrique Durance-Verdon
le barrage de Serre-Ponçon, le plus grand barrage-terre d'Europe
22 autres barrages et prises d'eau
33 centrales hydroélectriques
l'ensemble produit 6 à 7 milliards de kwh par an (10% de la production hydroélectrique française)
La Durance fournit l'eau potable à toute la région et irriguent toute la Provence
Les lacs sont une attraction touristique (Serre-Ponçon attire 10% des touristes fréquentant les Hautes-Alpes)
En résumé, 4km d'aménagement pour un 1km de rivière !
La Durance est l'une des rivières la plus aménagée de France !
LA DURANCE SACRIFIEE
La Durance avait un débit naturel moyen de 180m3/s et un régime fluvial de type méditerranéen, mais les aménagements hydrauliques ont modifié son cours. A part un très faible débit réservé, 9m3/s, la masse des eaux circule désormais dans le canal EDF. Ce canal usinier peut débiter jusqu'à 250m3/s. De ce fait, lors des grandes crues, les eaux excédentaires empruntent à nouveau le lit naturel, les réservoirs étant très insuffisants pour stocker de pareilles masses d'eau.
Un partiteur sur le canal usinier à Mallemort, mis en place en 2006, envoie 1,2milliards de m3/an vers l'étang de Berre pour alimenter les centrales de Salon et Saint Chamas. Malgré de gros rejets en 2018, la vie marine de l'étang a l'air de reprendre, mais il faudrait procéder à des travaux pour accélérer le processus et le conforter.
L'autre partie, 2,4milliards de m3/an est restituée à la Durance de façon irrégulière en fonction de la production hydroélectrique, cette énergie rapidement mobilisable, est utilisée quand il y a une plus grande consommation. Cette disposition fut prise en 2006 sans étude d'impact. Cette variation de débit est préjudiciable à la faune, la flore, la ripisylve. L'eau reversée ne contient que des limons en suspension et pas de graviers. La rivière fonctionne comme un canal, le lit s'enfonce, elle coule sur un chenal unique et plus en tresses. Les ponts et les digues sont à reprendre. La rivière est dévastée !
Le tronçon Serre-Ponçon Mallemort n'est pas concerné par cette restitution ou seulement 0,3milliards de m3/an d'eau circule. Je me permets de penser que ce brusque changement de débit est mauvais.
La Durance menace la gare Avignon TGV. La fédération BTP84 remet le lit dans son axe en conduisant un vaste chantier de terrassement : 300.000m3 de sable, de galets et de terre extraits. La rivière capricieuse sera domptée. De nouvelles digues ont récemment été réalisées à Pertuis, Cavaillon, Chateaurenard pour créer des zones d'activité, en particulier de la logistique, sur de bonnes terres agricoles. D'autres sont prévues à Caumont, Lauris, Avignon,...
La continuité écologique n'est pas assurée, les barrages, les prises d'eau, les seuils, les retenues d'eau entravent la circulation des poissons, en particulier des migrateurs, des invertébrés, et du transport solide qui est de plus perturbé par le faible débit de l'eau.
Érosion, affaissement des berges, enfoncement du lit, abaissement de la nappe phréatique, mort d'arbres sur la ripisylve, bancs de graviers élevés et renforcés, réduction de la largeur du lit, disparition des tresses sont les conséquences de la réduction drastique du transport solide.
La rivière coule dans un chenal unique, les lits mineur et majeur se réduisent, le risque d'inondation augmente. La Camargue est privée de matériaux constitutifs et recule, ainsi que la côte languedocienne.
La faible profondeur de l'eau entraîne une augmentation de sa température, une diminution des habitats pour la faune, une diminution de l'humidité de la vallée.
Les aménagements ne protègent pas contre les crues majeures comme l'ont montré les inondations de 1994. Ils en donnent une illusion. Des secteurs, qui n'avaient jamais été inondés, l'ont été.
Par manque d'entretien, les barrages s'envasent, comme ceux de Gadarache et de Serre-Ponçon, le volume d'eau stockable diminue.
Bien que la situation s'améliore d'après l'agence de l'eau, la Durance est polluée, apportant des nuisances à la faune, les poissons en particulier, et à la flore.
400 substances sont présentes, et l'effet cocktail est mal connu.
Il est difficile d'accéder aux analyses de l'eau soit-disant nombreuses.
Pendant l'été, de nombreux baigneurs veulent profiter de la Durance, les contrôles de l'eau ne sont pas faits, les maires préfèrent mettre des panneaux interdisant la baignade.
Les sources de pollution : les rejets chimiques et toxiques d'Arkéma à Saint-Auban, les rejets radioactifs du CEA, les rejets d'eau chaude d'Iter, les stations d'épuration sous-dimensionnées, les pesticides et engrais chimiques (dans l'étang de Berre, des algues vertes dues aux nitrates sont présentes), les retombées atmosphériques des hydrocarbures relâchés par le transport routier et le chauffage, les plastiques et des micro particules de plastique d'origine agricole, industrielle, commerciale, familiale, les anciennes décharges et les nouveaux centres d'enfouissement tel celui de Ventavon, les décharges sauvages et les tas de fumier.
L'extraction de granulats pour les routes et le béton est maintenant interdite dans le lit mineur, mais toujours autorisée dans le lit majeur.
La nappe phréatique, à cause de la profondeur des excavations, est découverte et non protégée, alors que des stations de pompage alimentent la population en eau potable et les agriculteurs en eau d'irrigation.
Aux nombreux problèmes existants, s'ajoute celui de la privatisation des barrages imposée par l'Union Européenne et l’État Français.
Sans parler de la production d'électricité, comment confier aux entreprises privées la responsabilité de l'eau, notre bien commun.
La Durance est-elle encore une rivière ?
Nous vivons dangereusement !
Les élus et les techniciens sont-ils des gens responsables ?
LA DURANCE RENATUREE
La renaturation est essentielle pour lutter contre les crues, aider la rivière à s'auto-épurer, favoriser le retour de la biodiversité.
Des solutions sont proposées, mais avec beaucoup d'humilité, les conséquences sont difficiles à prévoir.
Restituer de l'eau en plusieurs endroits. Étudier l'impact de la restitution à Mallemort.
Étudier l'installation de STEP(Station de Transfert d'Eau par Pompage) sur la chaîne des barrages hydroélectriques, pour diminuer l'eau consommée pour la production d'électricité et la restituer à la rivière.
Améliorer la continuité écologique. Avec un meilleur débit, il est possible de supprimer des seuils.
Réaliser des passes à poissons et à anguilles. Supprimer des barrages et des prises d'eau ?
Les moderniser, les araser ?
Cette amélioration va augmenter le transport solide. Lors de certaines crues supérieures à 150m3/s, mettre les barrages en transparence pour laisser filer la matière pour recharger le lit. Apporter des matériaux ? Curer les barrages. Les tresses seront de retour.
Diminuer la pollution. Fermeture d'Arkéma ? Abandonner Iter, projet dispendieux et incertain ? Rénover les stations d'épuration. Développer l'agriculture biologique et agroécologique. Développer le transport ferroviaire dans la vallée. Promouvoir une politique zéro déchet.
Diminuer les crues et les inondations. Faire un moratoire sur les aménagements. Diminuer le ruissellement par une amélioration du couvert végétal. Stopper l'artificialisation de la plaine de la Durance et de ses affluents. Élargir le lit mineur, redonner de l'espace à la rivière, ralentir les écoulements des eaux, gérer l'eau globalement par bassin versant. Reculer les digues et en supprimer pour augmenter la capacité d'écoulement, pour réduire la vitesse, reconnecter la rivière avec les zones humides et les boisements, espaces de stockage d'eau. Le retour des tresses va ralentir l'eau, améliorer l'échange avec les eaux souterraines.
Diminuer les prélèvements d'eau. Faire la chasse au gaspillage, supprimer les fuites dans les réseaux de distribution, promouvoir la sobriété. En PACA, 24 millions de m3 manquent l'été pour satisfaire tous les usages et laisser un débit suffisant dans les rivières pour la vie biologique. L'irrigation agricole est la plus grosse consommatrice, l'agriculture agroécologique et biologique améliore la qualité des sols et donc le stockage de l'eau, choisir des plantes, espèces et variétés moins exigeantes en eau, développer l'agroforesterie, moderniser l'irrigation gravitaire.
Relire le projet R2D2 2050 de juillet 2015. Risque, Ressource en eau et gestion Durable de la Durance en 2050. Coordination IRSTEA, intégré maintenant à l'INRAE. Il fait une analyse des modélisations des usages et de la gestion de l'eau.
On peut y lire : température plus importantes en été, augmentation évapotranspiration, constitution plus tardive du manteau neigeux, fonte plus précoce, diminution débit d'été de 20%, plus grande sévérité des étiages, fréquence accrue des mesures de restriction, sollicitation de Serre-Ponçon en augmentation, production énergétique en diminution l'été avec un impact négatif global, en année moyenne la demande en eau pet être satisfaite pour l'eau potable et l'irrigation, sur le Verdon il sera difficile de garantir le maintien des activités touristiques, développer une politique active de réduction des prélèvements d'eau d'au moins 20%, freiner l'augmentation de la population, faire évoluer les règles de gestion de la ressource en eau, mettre en œuvre des politiques d'économie d'eau, renforcée par des mesures d'adaptation pour assurer un partage équitable.
Dans la conclusion générale, on peut y lire que l'analyse des modélisations des usages et de la gestion de l'eau à l'échelle du territoire laisse à penser que la source d'incertitude principale n'est pas le devenir du climat, mais les évolutions socio-économiques affectant la région PACA.
Les solutions proposées sont cohérentes entre elles, elles se servent les unes des autres, se complètent.
Les nappes phréatiques remonteront, la flore et la faune se développeront, les bains seront sans danger, la consommation des poissons sera possible, nous serons en sécurité, nous disposerons d'une eau en qualité et en quantité pour un usage raisonnable,...
Et la Durance sera belle, heureuse, notre compagne et alliée !
Pour la mise en œuvre de ces solutions, il faudrait créer une structure politique, le Parlement de la Durance, sur l'ensemble du bassin avec une participation centrale des citoyens en utilisant les concepts de démocratie participative et d'éducation populaire et où la rivière aura la parole.
Elle devra aussi gérer les barrages hydroélectriques.
La civilisation de la vie plutôt que la civilisation du béton !
DURANCE LIBRE
le 17 septembre 2020
Pierre Follet