Texte en prose tiré du livre « Manosque des plateaux » de Jean Giono
La Durance est dans la plaine…
La Durance est dans la plaine comme une branche de figuier. Souple, en bois gris, elle est là sur les prés et les labours , tressée autour des islettes blanches. Elle a cette odeur du figuier : l’ odeur de lait amer et de verdure. Elle a tant emporté dans ses eaux de terre à herbe , de terre à graine, de poids d’arbre ; elle a tant broyé de feuillages , tant roulé de grands troncs sur son fond sonore, tant enchevêtré de branchages dans les osiers de ses marais qu’elle est devenue arbre elle-même , qu’elle est là, couchée sur la plaine comme un arbre; elle , avec son tronc tors, avec l’Asse, et le Buech, et le Largue, et tant d’autres, tous écartés comme des branches, elle porte les monts au bout de ses rameaux.