Rencontres du Parlement de Loire
13 septembre 2025, Tours – Île Simon
 

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Le 13 septembre 2025, sur l’île Simon à Tours, se sont tenues les Rencontres du Parlement de Loire, dans le cadre de la Grande Remontée, un événement porté par le collectif Vers un Parlement de Loire et le POLAU – Pôle des arts urbains.
Ces rencontres ont rassemblé de nombreux collectifs, chercheurs, artistes et militant·es venus de tout le bassin Loire-Bretagne et d’autres territoires fluviaux, pour poursuivre un même objectif : penser ensemble l’avenir des fleuves et rivières comme des entités vivantes, dotées de droits et de représentations. Plusieurs initiatives y ont pris la parole : Eau et Rivières de Bretagne, le Parlement de Creuse, le Collectif des Gammares & Bureau des Guides, le Parlement d’Isle, et bien d’autres. SOS était présent pour cette rencontre, où tout au long de la journée, différents ateliers ont exploré les dimensions écologiques, juridiques et sensibles de cette démarche : Le bilan de santé des fleuves et des rivières comme levier d’action (avec Mathieu Bonnefond, Barbara Réthoré…). Partager avec les autres qu’humains (Loilita Voisin, Clément Sirgue, Pascal Ferren, équipe Bato-Labo…). Des initiatives locales pour transformer le droit des fleuves et des rivières (Emma Grassin, Raphaël Blancheton Vianna…) et Faire remonter des savoirs situés, des attachements, des voix locales (Bruno Marmiroli, Sophie Gosselin, Olivier Massicot, Aurélie Besenval…)
Chloé, artiste du collectif Gammares, association voisine d’SOS Durance Vivante, est intervenue dans l’atelier « Démarches arts-sciences-territoires pour accélérer les transformations » aux côtés de Maud Le Floc’h, Xavier Rodier, Chloé Mazzani et Anna Street.
Elle y a présenté la méthodologie du Bureau des Guides du GR2013, développée dans le cadre d’un atelier de recherche-action arts/sciences, une démarche qui relie exploration du territoire, création artistique et connaissance sensible du vivant.
Un des moments les plus marquants de la journée fut le jeu des dons d’usagers, un rituel poétique imaginé par un collectif d’artistes de la Loire : des objets et messages offerts de l’aval à l’amont du fleuve, symbolisant le lien invisible entre qui unit les habitants d’un même bassin versant. Ce projet artistique, intitulé « Le Don de l’aval », réunissait Zelda Soussan, Aurélien Izard, Christophe Dupin et Alexia Ros.

En fin de journée, une conférence inversée a permis aux participants d’interroger plusieurs « grands témoins » : Anna Street (chercheuse arts-sciences-eau), Thierry Burlot (président du Comité de bassin Loire-Bretagne), Marine Yzquierdo (avocate, Notre Affaire à Tous), Camille de Toledo (auteur et chercheur) et Loïc Blondiaux (professeur de science politique).

L’échange a mis en lumière que, s’il convient de faire évoluer le droit et la réglementation vers une véritable éthique de la Terre — en s’inspirant notamment des propositions de loi citoyennes qui visent à reconnaître des droits à la nature, démarche déjà engagée et dont il faut désormais attendre les effets —, il est tout aussi essentiel d’opérer une transition vers une économie politique terrestre. Dans cette perspective, Camille de Toledo appelle à faire de la nature une véritable “travailleuse”, dont les fonctions écologiques et sociales doivent être mesurées, documentées et valorisées. Ces services rendus — purification de l’eau, protection contre les inondations, recharge des nappes phréatiques, préservation des milieux vivants — constituent des actes vitaux qu’il importe désormais d’intégrer pleinement dans les politiques publiques, sous la forme d’un syndicat des rivières.

À SOS Durance Vivante, nous questionnons ces perspectives, conscientes que reconnaître le travail des rivières et leur place dans nos sociétés exige de repenser profondément nos lois, nos politiques et nos modes de vie. La Durance ne peut se réduire à une simple ressource à exploiter ni être évaluée uniquement à l’aune des bénéfices économiques ; elle est un être vivant, un partenaire du territoire, dont la protection et la vitalité conditionnent l’avenir de tous. La rivière et ses écosystèmes doivent être écoutés et respectés pour eux-mêmes, et leur gouvernance ne peut dépendre exclusivement des logiques économiques. Ainsi, notre démarche vise à sortir des compromis avec le capitalisme, en plaçant la Durance et les autres milieux vivants au cœur de décisions collectives, autonomes et solidaires, où la préservation du vivant prime sur l’exploitation et où les voix humaines et non humaines coexistent.

Violaine Barrois